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Chronique de Gilles CenancHyperX
Mis à jour le 22/08/22 09:24
L’écosystème du gaming s’organise et se développe, avec l’ouverture d’écoles spécialisées. Le secteur compte en effet 650 sociétés en France et offre une multitude d’opportunités de carrière.
5,6 milliards d’euros. Il s’agit du poids du marché français du jeu vidéo en 2021. Loisir pratiqué par toutes les tranches de la population (73% des Français jouent aux jeux vidéo au moins occasionnellement – 1), le secteur – qui gagne en ampleur depuis plusieurs années – compte 650 sociétés (2) en France et offre une multitude d’opportunités de carrières. Celles-ci sont pourtant assez méconnues : « joueur professionnel » et « streamer » ne sont en effet pas les seules carrières vers lesquelles les amateurs de jeux vidéo ont la possibilité de s’orienter. Comment promouvoir le secteur et permettre aux entreprises de satisfaire leur forte demande de recrutement ?
Favoriser les partenariats pour attirer les talents
Depuis quelques années, l’écosystème du gaming s’organise et se développe, notamment avec l’ouverture d’écoles spécialisées. A titre d’exemple, Gaming Campus, premier campus étudiant en Europe dédié aux métiers de l’industrie du jeu vidéo, a été lancé en 2018 pour accompagner la croissance fulgurante du secteur. Imaginé par des professionnels du secteur des jeux vidéo et de l’éducation, le Gaming Campus adopte une approche innovante au travers d’une pédagogie par projets adaptée à la réalité du marché.
Ces initiatives sont très positives et ne doivent pas être des exceptions. Il est aujourd’hui nécessaire d’augmenter le nombre de formations dédiées au secteur du jeu vidéo et d’offrir des options de spécialités en voie générale et technologique, afin de préparer les jeunes générations aux attentes de l’industrie. Les partenariats entre les écoles, les organismes de formation et les entreprises du secteur sont en effet un élément fondamental pour favoriser la professionnalisation du secteur. Donner aux étudiants l’opportunité de réaliser des stages ou des formations alternance leur permet d’acquérir de l’expérience et de se constituer un réseau. Pour les entreprises, cela peut constituer une première étape à l’embauche, car l’alternant aura été familiarisé avec leurs méthodes de travail et bien intégré à l’équipe.
Promouvoir les métiers du gaming auprès des jeunes générations
Développeur/programmeur, animateur 3D, spécialiste de l’intelligence artificielle, producteur… L’industrie du jeu vidéo regorge d’opportunités de carrière très intéressantes et très variées. Pourtant, les adolescents qui nourrissent une passion pour le gaming et sont déjà en pleine réflexion sur leur avenir professionnel n’ont pas conscience des nombreuses possibilités offertes par secteur. Une récente étude (3) a révélé que, malgré la popularité des pratiques vidéoludiques, les perspectives de carrière du secteur du jeu vidéo restent encore peu connues pour une majorité d’adolescents et de parents : seul un peu plus d’un tiers des adolescents (36%) ont une idée claire des métiers en lien avec le secteur du jeu vidéo. De même, seulement 30% des parents pensent qu’il offre des opportunités de carrière. Manque de connaissances ou persistance des préjugés ?
Le secteur du gaming bénéficie pourtant d’une stabilisation des emplois qualifiés et pérennes : 62% des entreprises du secteur ont embauché en 2020 et 80% des emplois salariés sont des CDI. Par ailleurs, les catégories de métiers sont multiples et permettent donc de toucher le plus grand nombre : technologie (41%), image (21,5%), édition et support (19%), management (6,5%) et design (12%)4.
Le secteur du jeu vidéo bénéficie aujourd’hui de plusieurs dispositifs gouvernementaux dédiés à son développement, mais ceux-ci ont pour objectif de soutenir la production de jeux vidéo, la R&D et l’innovation technologique ou encore le développement d’entreprise. Ces initiatives sont évidemment les bienvenues, mais l’heure est venue d’aller plus loin : il est essentiel que le système éducatif évolue. Plutôt que d’opposer la passion à la vie professionnelle, il doit permettre aux jeunes d’établir une passerelle entre les deux.