Femmes entrepreneures : les aides à ne pas manquer

« Femme et (future) entrepreneure ? Ces aides qui font bouger les lignes »

« Vouloir entreprendre au féminin n’est pas (ou plus) un frein. Aujourd’hui, un panel d’aides publiques ou privées ainsi que des initiatives locales existent et font bouger les idées reçues, et ce, partout en France. Mais est-ce suffisant ?

Portées par la lame de fond de l’entrepreneuriat, les femmes ont également emboîté le pas : 32,3 % des entreprises du territoire français sont gérées par des femmes. Plus spécifiquement, 21,6 % des directions sont exclusivement féminines (contre 19,9 % en 2021). 70 % d’entre elles y voient d’ailleurs une véritable opportunité de carrière, bien qu’elles ne soient que 6 % à réellement penser se lancer. Pourquoi ? « Dès que l’on parle d’entrepreneuriat au féminin, il n’est question que de freins, de difficultés à concilier vie personnelle et vie professionnelle. Ce qui entretient des limites, surtout quand on n’a pas forcément tous les codes de l’entrepreneuriat ou une logique de réseau… », explique Marie Eloy, CEO et fondatrice de plusieurs réseaux féminins, tels que Bouge ta Boîte et Femmes des Territoires. D’autres indicateurs soulignent les difficultés connexes auxquelles sont confrontées les femmes : « 70 % des dirigeantes en France gagnent moins de 1500 euros par mois et 60 % n’ont pas fait de business plan ». Néanmoins, un panel d’aides et de réseaux existent sur le territoire pour soutenir les femmes entrepreneures et les aider à faire fleurir leur business. Tour d’horizon.

Entreprendre au féminin : une large palette d’aides disponibles

Les garanties et le prêt d’honneur pour se lancer

Pour créer ou reprendre une activité, France Active a mis en place la garantie ÉGALITÉ femmes, un dispositif national qui remplace le FGIF (Fonds de garantie à l’initiative des femmes). Son but ? Faciliter l’accès au crédit bancaire des femmes porteuses d’un projet de création, de reprise ou de développement d’entreprise. La garantie couvre jusqu’à 80 % d’un emprunt bancaire dans la limite de 50 000 euros et a une durée maximale de 7 ans.
Autre filet intéressant : le prêt d’honneur accordé sans demande de garantie personnelle ni intérêts par le réseau Initiative France. Il permet aux entrepreneures de renforcer leurs fonds propres et d’accéder plus facilement à des prêts plus importants. Le montant dépend de la nature du projet et des besoins en fonds propres (entre 3 000 à 50 000 euros). « Les aides sont là mais encore faut-il les connaître ! De plus, par méconnaissance et défaut de projection dans un business model plus ambitieux, les dirigeantes utilisent souvent leurs économies au moment de se lancer », souligne Marie Eloy.

Les programmes, accélérateurs et incubateurs spécialisés

Les chiffres ne sont pas très encourageants dans la tech selon Marie Eloy : « Seuls 2 à 3 % des fonds sont affectés aux start-up dirigées par des femmes ». Pour aider les entrepreneures à déjouer ces tendances, certains incubateurs sont 100 % dédiés au développement de business féminins avec un accompagnement complet : mentoring, bonnes pratiques… Autre point fort, les start-up incubées ont la possibilité d’être hébergées directement au sein des locaux ou dans un lieu de coworking.
À titre d’exemple, Willa est le premier accélérateur de mixité dans la tech : il a accompagné plus de 530 startups fondées ou co-fondées par des femmes. Tous secteurs confondus, les femmes peuvent aussi s’appuyer sur des programmes d’entrepreneuriat spécifiques. Le Réseau Entreprendre a notamment développé un dispositif appelé Wom’energy afin d’encourager la mixité dans l’entrepreneuriat partout sur le territoire et de soutenir les dirigeantes à tous les stades de développement et de croissance de leur projet. Il propose également un prêt d’honneur compris entre 15 000 et 50 000 euros.

« Tout est fait pour que chacune trouve sa place. Surtout, on ose parler d’argent. »

Les réseaux dédiés à la création et au développement de l’activité

Les réseaux sont des lieux de partage incontournables pour développer son entreprise. Or, les femmes s’en font souvent une fausse idée selon Marie Eloy : « Nous ne réseautons pas spontanément. Ce n’est pas dans notre culture : nous ne voulons pas que ce soit une perte de temps ou d’argent, et ne savons pas forcément ce que nous y trouverons ». Pourtant, les réseaux féminins sont des communautés locales fondées sur l’authenticité, l’écoute et l’intelligence collective, à l’instar du réseau business Bouge ta Boîte ou du réseau de création Femmes des Territoires. « Tout est fait pour que chacune trouve sa place. Surtout, on ose parler d’argent : par exemple, les 5 000 réunions que nous organisons chaque année débutent par l’annonce du chiffre d’affaires global généré au sein du cercle. C’est un rituel essentiel ». Les réseaux offrent aussi un système de mentorat et l’identification à des modèles qui leur ressemblent : « On manque cruellement de rôles modèles féminins en France, notamment dans les TPE/PME. Au sein d’un réseau, on peut s’identifier, partager ses difficultés et ses succès, et profiter d’un soutien via le mentorat croisé fondé sur la mutualisation des compétences », ajoute Marie Eloy.

D’autres réseaux existent tels que Action’elles, CNIDFF qui a beaucoup lutté contre les discriminations et promeut l’égalité, La Fédération des Premières ou encore Force Femmes qui accompagne les femmes sans emploi victimes d’une double discrimination à l’embauche : l’âge (plus de 45 ans) et le genre…

Les initiatives régionales qui favorisent l’accès des femmes à l’entrepreneuriat

En région, les Plans d’action régionaux pour l’entrepreneuriat des femmes (PAR) ont vu le jour depuis l’accord cadre de 2012 pour l’entrepreneuriat féminin conclu entre l’État et la Caisse des Dépôts. Ces plans d’action locaux et régionaux s’appuient sur les services centraux et les associations d’aide à la création d’entreprises afin d’évaluer les outils et dispositifs les plus appropriés pour les femmes par zone géographique. Leur vocation est de favoriser l’accès et le développement d’une offre d’accompagnement à la création/reprise et à la croissance des entreprises dirigées par des femmes, de développer l’augmentation des financements accordés aux femmes créatrices ou qui reprennent des sociétés, de lutter contre les stéréotypes de genre qui peuvent affecter les acteurs de l’écosystème entrepreneurial et de mobiliser l’ensemble des acteurs de la création d’entreprise.

« Le problème réside dans l’absence de volonté : il n’y a pas de prise de conscience politique autour de l’égalité économique ni de l’importance de rééquilibrer notre économie. »

Entreprendre au féminin : les événements incontournables

Plusieurs événements mettent en avant l’entrepreneuriat féminin : la Journée des femmes entrepreneures est organisée chaque année en marge du Salon SME, un événement ayant lieu à Paris et dédié aux dirigeants et créateurs de start-up ou de TPE/PME. Le format ? Durant une journée, des conférences et ateliers sont proposés pour encourager et accompagner les femmes porteuses de projets. C’est l’occasion de faire avancer un projet de création ou de développement d’entreprise en échangeant avec les exposants et réseaux d’accompagnement à la création, notamment au féminin. Aussi, les participantes peuvent profiter des conseils et retours d’expérience d’entrepreneures et d’experts en assistant aux conférences de la journée. Un autre événement autour de l’innovation a pris de l’ampleur : la Journée de la femme digitale (JFD) qui met à l’honneur les cheffes d’entreprise ou occupant des postes de direction dans les nouvelles technologies. Pour mettre en avant des rôles modèles et encourager l’innovation féminine, le prix les Margaret récompense chaque année la créativité et l’innovation des femmes en Europe et en Afrique. Les lauréates bénéficient de l’exposition médiatique de la JFD, de soutiens financiers ainsi qu’un accompagnement de développement et de communication… d’une valeur équivalente à un million d’euros !

La volonté politique : la pièce (maîtresse) manquante de l’égalité économique ?

Aujourd’hui, de nombreux outils et dispositifs d’aide existent en France. Alors, en 2023, comment expliquer le fossé persistant entre l’entrepreneuriat masculin et féminin ? « Le problème réside dans l’absence de volonté : il n’y a pas de prise de conscience politique autour de l’égalité économique ni de l’importance de rééquilibrer notre économie. Or, l’impact des femmes est essentiel pour les territoires. Il faut donc du courage et des moyens pour assumer un plan de rééquilibrage ambitieux », conclut Marie Eloy.


Article édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ«